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Voyage au bout de l'amertume

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Note de l'auteur: Ce texte a été publié pour la première fois en mars 2013

Pendant que les habitants des régions côtières se débrouillent comme ils peuvent, essayent tant bien que mal de s’agripper à la marmite nationale et de cueillir, pour certains et  autant que faire se peut, une poignée de nourriture et que d’autres plus malins se démènent comme des enragés pour que nul ne touche au morceau de viande qui les empêche d’ouvrir la bouche,  s’en sortent plutôt bien et se prélassent dans l’opulence,  l’excès de consommation et l’indigestion, les habitants des zones les plus éloignées et les plus enclavées de notre pays se contentent pour la majorité d’entre eux d’observer cette richesse qui naît sous leurs pieds, les nargue et qui souvent ne leur procure ni la vie espérée, ni le confort attendu et ni les emplois désirés. Et le redire n’est pas remuer le couteau dans la plaie.
 






Mais cette déchéance sociale qui grandit sans que nous réagissions n’est pas caractéristique uniquement des régions du sud algérien. Elle s’étend en réalité partout sur le territoire national notamment dans ces coins et recoins sous-administrés et ou l’absence de l’état rend tous les abus permis et tous les dépassements possibles. La richesse nationale est parfois dilapidée et mal redistribuée et beaucoup en sont privés ou n’en voient pas les retombées tant les voies qu’elle empreinte pour les atteindre sont parfois aussi enchevêtrées qu’opaques.

L’Algérie n’en ai plus à un paradoxe prés. Pays riche saigné par la corruption et la rapine. Peuple pauvre parfois réduit a quémander un morceau de pain, pourtant tolérant, épris de liberté et impatient de revivre l’expérience de la liberté, celle qui permet simplement de vivre avec ses  idées et ses opinions et d’avoir la possibilité de leur donner un sens par des moyens pacifiques et un prolongement dans la société. Gouvernants friands de mystères et avides du culte du secret. Nord consommateur boulimique et sud en situation de carence économique, sanitaire et parfois en détresse alimentaire. Elite marginalisée, larguée  ou contrainte à l’exil. Opportunistes et protégés aux commandes,  enfourchant fièrement toutes les manettes y compris celles qu’ils ne pourront jamais, faute de compétence, conduire et bien d’autres situations encore plus cocasses les unes que les autres et qui découragent les plus honnêtes ou leur font espérer d’autres cieux plus cléments.  Mais la mécanique infernale, lancée il ya de cela très longtemps, a fini par s’emballer et ne veut plus s’arrêter. Et lorsque le mécanisme devra inéluctablement se gripper du fait notamment de l’usure, tout s’arrêtera en même temps. Et ne nous resteront plus que l’amertume et la désolation. L’Algérie est un véritable bus en folie qui avance dans tous les sens et même à reculons. Et lorsque le bus s’embourbe, patine et fait du surplace, il faut alors faire bouger coûte que coûte le mastodonte et articulé les sherpas, recours ultime pour vaincre l’inertie et avancer. Les sherpas sont ces  algériens honnêtes, qui travaillent dans la discrétion, vivent du fruit de leur travail, ne recherchent pas la gloire et font encore tourner le pays. Mais jusqu'à devront-ils continuer d’assister, médusés,  à la dérive de leur pays. Et tiendront-ils encore longtemps ?  Pas si sûr. La coupe est pleine et les signes précurseurs du découragement et du renoncement sont déjà perceptibles, visibles et déjà là.
Le pays s’embourbe et tous les secteurs sont atteints de déliquescence précoce. Et puis ces symptômes récents révélés par de vrais professionnels comme ces quelques étudiants tricheurs parachutés en études de médecine, susceptibles de devenir,  pour certains d’entre eux, les médecins de demain, ou ces confidences de commandants de bord, qui font toujours la fierté de notre aviation civile qui tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme à propos de la mauvaise formation de certains de nos jeunes pilotes qui  n’auraient pas, selon eux, ni la formation requise ni les heures de vol nécessaires et qui se retrouvent aux manettes, les vraies celles-ci,  et constitueraient peut-être un vrai danger pour les pauvres passagers que nous sommes.  Tout est désormais révélé et l’on ne peut plus rien cacher. A force de laisser aller, de cooptation, de passe-droits et  de mauvaises plaisanteries qui ne font plus rire que leurs auteurs, le pays dérive et dérive inéluctablement. Et les récifs rocheux sont nombreux. Et ce n’est pas parce qu’un moteur tourne fort qu’il tourne bien. Le sursaut est aujourd’hui plus que salutaire. Il est vital et il y va de notre devenir et même de notre existence.  Et la probabilité de voir nos ressources naturelles se réduire et s’épuiser plus rapidement que prévu sans que nous ayons eu ni l’intelligence et ni  le courage de construire une alternative économique crédible de substitution nous angoisse et laisse présager du pire. Notre pays est en panne. En panne sèche. Pourtant le carburant ne manque pas. Pas celui d’origine fossile, cause de notre supposée richesse mais aussi de tous nos malheurs et de tous nos manquements. Mais celui de la ressource humaine et de l’intelligence sans lesquelles aucune nation ne peut se ressaisir ni se construire. Il nous faudra probablement un véritable plan de redressement dans ce cadre car sans compétences aucune chance d’espérer redresser la tête, changer de cap et redonner du sens et de l’espérance à de larges franges de notre peuple qui pourraient demain être tentées, faute d’oxygène et de rêve, par de mauvaises aventures. Chacun devra à l’avenir accepter d’occuper la place qui est la sienne, celle qu’il mérite et qui est conforme à ce qu’il sait faire.  Si l’émergence est encore possible, il faudra au préalable liquider les vieux démons du passé et épurer les anciens contentieux qui nous empêchent toujours d’avancer. Ainsi la question de l’accès au pouvoir et de l’alternance au pouvoir par des moyens pacifiques et démocratiques doit être une fois pour toute résolue.  Elle est au cœur de toutes les frustrations de notre peuple. Elle bride l’espoir et sème le désespoir et la discorde. Il faut enfin aider aussi ces algériens afin qu’ils cessent de se faire violence,  sur les routes, en sombrant dans la folie, sous les effets dévastateurs de la consommation de stupéfiants ou en se donnant carrément la mort. Ne gâchons plus, sur l’autel de l’égoïsme et de la prédation, les chances immenses que recèle l’Algérie et qui peuvent lui permettre de devenir la grande nation qu’elle mérite d’être. Et avant que ne cèdent les digues et que ne déferlent les colères longtemps contenues, la plus belle des décisions à prendre serait de contribuer, tant que le Grand Décideur prête encore vie, à la réalisation de la plus noble des issues. Une transition rapide, pacifique et résolue vers une république enfin libérée des pesanteurs et des travestissements du passé. La consécration en somme d’une indépendance chèrement acquise, toujours ajournée et si longtemps confisquée. Car les générations futures ne pardonneraient sans doute  jamais de devoir hériter d’un pays pillé,  démembré et affaibli.  Que Dieu les en préserve !

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