Note de l’auteur : Cette note est comme son nom l’indique fausse. Elle est le scénario du pire que le sursaut, l’effort et le repentir permettront d’éviter.
L’Algérie s’installe désormais dans la crise. Elle sera multidimensionnelle, complexe, aux ramifications inextricables et dure à vivre. Elle sera économique, financière et sociale. Elle aura inéluctablement sa transcription politique.
Le mois de Ramadan sera la
période qui servira d’amortissement au premier choc qui ne dévoilera toute son
amplitude et toute sa résonnance qu’à la rentrée de septembre.
Economique, d’abord. Les clignotants
ne sont déjà plus au vert et les indicateurs qui nous servent de boussole s’essoufflent.
Le pari à gagner est immense. Il s’agira de réussir dans la crise la plus dure
que nous aurons à vivre depuis l’indépendance après avoir lamentablement échoué
dans la gestion des nombreuses phases d’opulence et de richesse que nous avons
connues et vécues.

Financière ensuite. Nos réserves de change s’épuiseront beaucoup plus rapidement que prévu. La facture endiablée de l’importation sera certes endiguée mais comme une digue qui finit par céder sous la pression du déferlement de l’eau elle ne sera d’aucun secours pour continuer de financer des programmes sociaux qui ont également profité aux plus riches. Les ressorts existants ne pourront pas amortir les effets dévastateurs de la crise économique et des millions de personnes connaitront pour la première fois de leur vie la pauvreté et la précarité.
La crise sera nécessairement
politique puisque d’essence sociale et comme dans tout processus
révolutionnaire, la pauvreté et le sentiment d’injustice qu’elle provoque tracera
le sillon de la contestation et de la révolte
L’Algérie s’installera dans un désordre
provoqué non pas par l’effet de crises du voisinage, contenu tant bien que mal,
mais par des facteurs éminemment endogènes. L’inexistence de la société civile
et de la classe politique, laminées toutes les deux par l’effet conjugué de la répression
et de la bureaucratie, sera extrêmement préjudiciable à l’effort de maintien de
la cohésion sociale et pire, de la cohésion territoriale.
Les luttes pour le pouvoir seront
elles aussi féroces. Elles ne seront pas générationnelles, ni régionales. Elles
seront d’essence éminemment économique et financière et articuleront en tant
que puissance compradore leurs articulations répressives.
Des poches de contestation
sociale parfois armées se développeront dans de nombreuses régions du pays. Les
turbulences seront aussi présentes dans les zones urbaines et péri urbaines et
seront l’œuvre de franges importantes d’une jeunesse désespérée, désemparée et qui
veut en découdre.
Bien sûr, tous ces aspects d’une
crise terrible à venir et à vivre se déploieront dans un contexte de prévisions
extrêmement pessimistes du fonds monétaire international qui table sur une prochaine
crise financière mondiale encore plus grave que celle des subprimes. Elle est déjà
dans l’agenda des limiers de la conjoncture financière mondiale.
Et nous serons cette fois-ci extrêmement
démunis pour espérer en contenir les effets. Cette crise nous portera sans
aucun doute le coup de grâce.
Le Ramadan est déjà à nos portes
et viendra nous rappeler comme chaque année que tout est éphémère et que le jeûne
est non seulement un excellent exercice pour le corps mais aussi et surtout
pour l’esprit. En tous les cas une invite certaine à une vie simple et frugale.
Et une incitation aussi à l’effort et à la patience.
Oui, les caisses se vident et les
prix du pétrole s’entêtent à rester bien bas. Le bateau prend l’eau de toute
part. Il n’est plus ivre. Il coule. Mais comme pour le Titanic qui fonce droit
dans l’iceberg, à bord, il faut surtout cesser de continuer de causer. Et faire
preuve vite d’imagination !
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