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Egypte, l’urne ensanglantée

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Les tragédies vécues sous d’autres cieux n’auront donc pas suffi. Elles n’auront en tous les cas pas inspiré les officiers égyptiens qui ont décidé de l’interruption brutale et dans le sang de la jeune et prometteuse transition démocratique de ce pays. Pire, ils ont choisi l’escalade et son corollaire la répression de manifestants pacifiques qui ne demandent que le rétablissement de la légitimité politique incarnée par le Président Morsy, élu par le peuple et destitué le 3 juillet dernier par un coup d’état militaire. Des centaines de victimes sont à déplorer et le décompte macabre ne s’arrêtera sans doute pas. Le prix du sang sera-t-il celui qu’il faudra payer dans cette épreuve féroce qui oppose la dictature à la liberté, la force des armes à celle du droit ? Espérons que non . Et ceux qui par naïveté, inconscience ou désaccord ont applaudi et soutenu ce holdup de la liberté, véritable insulte à la conscience humaine, comprendront tôt ou tard et à leur dépens que les dictatures militaires, une fois installées ou réinstallées, briment toutes les libertés et ne s’accommodent jamais d’aucune opposition et ne font jamais de distinguo. Les capitales occidentales notamment celles qui ont approuvé discrètement ce changement brutal en Egypte sans pour autant avoir le courage de le dire officiellement commencent à nuancer leurs attitudes. L’attente est longue et le dénouement du scénario égyptien, du moins comme semble l’avoir écrit ceux qui l’ont pensé, conçu et mis en œuvre, semble remis à plus tard. La rue égyptienne refuse d’abdiquer et ne permet pas à la nature illégitime du pouvoir actuellement en place de se diluer dans le renoncement et  la résignation de partisans d’un président déchu plus déterminés que jamais. Les semaines passent et la montre joue contre les putschistes qui manifestent déjà, semble-t-il,  des premiers signes d’affolement. Et la répression de masse qu’ils promettent n’en est que l’un des marqueurs.



Mais quels sont les éléments objectifs qui pourraient justifier un tel déchirement en Egypte ?
 
La volonté prêtée au Président Morsy par ses adversaires de s’accaparer tous  les pouvoirs. La tentative de ce dernier de domestiquer l’institution militaire qui a toujours refusé de céder le pouvoir aux civils et qui a vu d’un mauvais œil l’arrivée aux manettes d’un technocrate formé aux Etats-Unis, élu par le peuple et de surcroit très au fait des imbrications qui existent en Egypte entre le business et une partie de la hiérarchie militaire.  Les heurts interconfessionnels souvent provoqués par les anciens barons du régime et leurs sous-traitants. La rupture avec la Syrie en proie elle aussi à un grave conflit interne. Ou encore la situation économique interne de l’Egypte dont la détérioration ne peut être imputée au Président Morsy. Seul l’avenir le dira. 
 Mais l’élément déclencheur principal à sans aucun doute été «la détérioration de la situation au Sinaï». La souveraineté de l’Egypte sur ce territoire est mise à mal par les engagements induits par les accords israélo-égyptiens qui stipulent que seul un détachement de police peut-être déployé dans cette région et qu’aucune force militaire égyptienne ne peut y stationner sans risque de remettre en cause ces accords. Le Sinaï est considéré en vertu de ces accords comme une zone démilitarisée devant garantir la sécurité d’Israël sur son flanc frontalier avec l’Egypte. Et le refus d’Israël affiché par rapport à la volonté du Président Morsy de reprendre en main le Sinaï notamment par l’envoi de troupes militaires contraste avec la disponibilité subite de ce pays à coopérer discrètement mais efficacement avec les nouveaux dirigeants égyptiens et leur permettre de se redéployer dans cette région. La sécurité d’Israël est bien au cœur du scénario égyptien, écrit sans doute avec le discret et bienveillant soutien américain et exécuté grâce à «l’opportunité de manifestations d’opposants au Président Morsy».
La résistance farouche et l’entêtement des partisans du Président Morsy a cependant grandement perturbé le déroulement des séquences de ce scénario,  de son timing et de sa chronologie. Même la guerre des chiffres s’est avérée en leur faveur. La manœuvre grossière n’a pas échappé aux observateurs internationaux qui ont constaté que malgré les effets d’optique la mobilisation, la détermination et le nombre étaient bel et bien du coté des partisans du président déchu. Le retour à la légitimité doit constituer la prochaine séquence de la situation en Egypte. L’escalade dans la répression doit s’arrêter. L’Egypte doit vite retrouver la place qui a toujours été la sienne. Un pays pivot qui doit achever sa transition vers la liberté. L’opinion internationale, du mois les consciences encore libres et solidaires, sait désormais qu’en Egypte, la légitimité acquise par les urnes pourrait être restaurée dans le sang.
L’enjeu de la crise égyptienne est de taille. Il engage l’avenir de toute la région. Il s’agit de démontrer que les dictatures et les régimes autoritaires ne sont pas une fatalité et que le monde arabe et musulman peut s’émanciper de la tutelle et de la bride de régimes malades qui l’empêchent de se développer et de vivre libre.



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