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Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. Alors en la matière c’est-à-dire en termes d’errements sémantiques réels ou supposés, devrais-je plutôt commencer par moi-même. N’étant ni journaliste de profession, ni écrivain, il m’arrive parfois d’écrire juste ce que je ressens. Un jour ayant sans doute un peu dépassé les limites permises, concept totalitaire toujours en cours en Algérie et en Corée du Nord comme on me le fera remarquer avec force dans un train de banlieue, en écrivant un texte intitulé La République Dévoyée [I], je pris aussi sur moi pour toute une corporation à laquelle je n’appartenais pas et j’eus à subir les griefs qui étaient principalement retenus contre elle où du moins contre ses membres les plus libres et les plus sincères. Et à propos de limites permises, non pas politiques mais plutôt celles relevant de la bienséance et s’agissant de notre propos, je soumis, il n’y pas très longtemps de cela, à un journal en ligne français un texte pour publication. Je reçus de la part du rédacteur en chef une correspondance dans laquelle il me demandait de commenter une phrase contenue dans mon texte qui lui sembla ambigüe et qu’il proposa de remplacer par une autre qu’il me suggéra. Il m’écrivit ceci : une phrase de votre article provoque débat au sein de la rédaction. Cette phrase est "Beaucoup d’intellectuels juifs, libres et antisionistes et qui ne squattent pas à l’année comme certains le font les plateaux de télévision » que certains proposent de modifier en «Beaucoup d’intellectuels juifs, libres et antisionistes, et qui ne squattent pas à l’année les plateaux de télévision, comme certains». Je lui répondis que le changement qu’il proposait de faire ne posait pas de problème particulier, bien qu’il portait en soi atteinte à l’intégrité du texte publié par ailleurs tel quel en Algérie, en mentionnant au passage que je n’en saisissais pas toute la subtilité.
Je devinais néanmoins que mon interlocuteur était vexé et que je devais probablement représenter pour lui une énième personne qui sous prétexte de récuser le sionisme cachait en réalité une viscérale haine antisémite. Rien de tout cela n’était bien entendu vrai car devrais-je moi-même sombrer dans les eaux nauséabondes de la haine comme le faisaient ceux que je prétendais dénoncer dans ce texte ? Et devrais-je aussi retourner la question et demander s’il fallait sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme taire les crimes les plus abjectes commis au nom du sionisme ? Et ne pas dénoncer ceux qui soutiennent aveuglément le dernier Bantoustan qui existe encore sur terre. Notre échange de correspondances ne se poursuivit pas.
Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. Alors en la matière c’est-à-dire en termes d’errements sémantiques réels ou supposés, devrais-je plutôt commencer par moi-même. N’étant ni journaliste de profession, ni écrivain, il m’arrive parfois d’écrire juste ce que je ressens. Un jour ayant sans doute un peu dépassé les limites permises, concept totalitaire toujours en cours en Algérie et en Corée du Nord comme on me le fera remarquer avec force dans un train de banlieue, en écrivant un texte intitulé La République Dévoyée [I], je pris aussi sur moi pour toute une corporation à laquelle je n’appartenais pas et j’eus à subir les griefs qui étaient principalement retenus contre elle où du moins contre ses membres les plus libres et les plus sincères. Et à propos de limites permises, non pas politiques mais plutôt celles relevant de la bienséance et s’agissant de notre propos, je soumis, il n’y pas très longtemps de cela, à un journal en ligne français un texte pour publication. Je reçus de la part du rédacteur en chef une correspondance dans laquelle il me demandait de commenter une phrase contenue dans mon texte qui lui sembla ambigüe et qu’il proposa de remplacer par une autre qu’il me suggéra. Il m’écrivit ceci : une phrase de votre article provoque débat au sein de la rédaction. Cette phrase est "Beaucoup d’intellectuels juifs, libres et antisionistes et qui ne squattent pas à l’année comme certains le font les plateaux de télévision » que certains proposent de modifier en «Beaucoup d’intellectuels juifs, libres et antisionistes, et qui ne squattent pas à l’année les plateaux de télévision, comme certains». Je lui répondis que le changement qu’il proposait de faire ne posait pas de problème particulier, bien qu’il portait en soi atteinte à l’intégrité du texte publié par ailleurs tel quel en Algérie, en mentionnant au passage que je n’en saisissais pas toute la subtilité.
Je devinais néanmoins que mon interlocuteur était vexé et que je devais probablement représenter pour lui une énième personne qui sous prétexte de récuser le sionisme cachait en réalité une viscérale haine antisémite. Rien de tout cela n’était bien entendu vrai car devrais-je moi-même sombrer dans les eaux nauséabondes de la haine comme le faisaient ceux que je prétendais dénoncer dans ce texte ? Et devrais-je aussi retourner la question et demander s’il fallait sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme taire les crimes les plus abjectes commis au nom du sionisme ? Et ne pas dénoncer ceux qui soutiennent aveuglément le dernier Bantoustan qui existe encore sur terre. Notre échange de correspondances ne se poursuivit pas.
Un autre écrit dédié à l’Afrique et aux convoitises
que ne cesse de susciter ce continent interpella un lecteur qui me gratifia
d’un commentaire cinglant en m’assénant
les remarques suivantes : «C’est un
peu fatiguant de voir les algériens jouer aux africains quant on connait leur racisme
viscéral de blanc envers les noirs. On n’a franchement pas besoins d’analyses
d’arabes là où nos intellectuels connaissent mieux le sujet ». Et de
poursuivre «Aussaresses n’a rien à voir
avec l’Afrique noire. Il a sévi en Algérie au moment de la guerre au Cameroun.
Que les algériens n’effacent pas notre histoire
en faisant croire que seule l’Algérie fut colonie française alors que
nous le restons». Rien que cela et cette imagination débordante me déconcerta.
Je répondis à mon interlocuteur en invoquant la légendaire générosité de
l’Algérie et son hospitalité qui profitèrent à bien des membres de ce
continent. Mais soit. Je venais d’apprendre que j’appartenais à un peuple
raciste qui n’aimait pas les personnes de couleur. Pour déconstruire dans mon
imaginaire cette terrible sentence que je n’acceptais pas, je me mis à sourire
en pensant au présentateur vedette de notre «JT national» où encore à mes collègues
de travail et à tous ces algériens, noirs de couleur, qui vivaient en paix en
terre d’Islam, chez eux en Algérie. Je
dois reconnaître cependant et comme partout ailleurs dans le monde que la
parole bête et méchante se libère malheureusement aussi en Algérie où chacun y
va désormais de sa petite louche de haine, de méchanceté et d’intolérance qui pour son
voisin, son chef, ses collègues où pour ceux qu’il n’aura pas connu et qu’il ne
connaitra sans doute jamais. Tout a été
déjà dit et entendu. Ainsi à propos d’un potentiel candidat à l’élection
présidentielle, un cadre dirigeant dans une entreprise publique, originaire du
sud, n’hésita pas à contester cette ambition en m’expliquant «qu’il n’était pas algérien mais un janjaoui
en référence à ses tenues vestimentaires».
Un autre à propos de l’autoroute est-ouest : «regardez comment le tronçon ouest est nickel
alors que celui de l’est est devenu un véritable traquenard meurtrier pour de
nombreux automobilistes»
Un pédagogue et non moins enseignant énonça à
propos du M’zab, à l’occasion des événements
malheureux qui ont secoué la ville de Ghardaia, que «cette région est selon lui une enclave juive, le refuge d’une ancienne communauté qui a fui
la persécution pour s’abriter dans le désert et qu’il n’y a ni Ibadisme et ni
racines berbères». Un autre inculte qui profère à propos des Kabyles et des
Chaouias : «ce sont d’anciennes tribus
chrétiennes qui empêchent l’Algérie de se développer ». Et de nuancer
son propos d’ «historien» en précisant qu’une région réputée pour ses bijoux en argent ne serait, selon lui, « que détentrice
d’un métier qu’affectionnent particulièrement les juifs » oubliant au
passage que cette région était d’abord réputée pour son armurerie avant que le
colonialisme français ne s’en aperçoive et ne l’interdise. Où ce sectaire aux
lunettes rondes qui propose tout simplement de «renvoyer les arabes en Arabie». Et cet autre illuminé qui assène à
propos de l’ouest de l’Algérie : «contrairement
à d’autres, cette région n’a pas participé activement à la résistance au
colonialisme et à guerre de libération nationale» occultant l’épopée de
l’Emir Abd El Kader, la réalité des fiefs combattants de l’Ouarsenis, la résistance du sud-ouest et les
sévices de l’OAS infligés à la ville d’Oran et tout le reste. Et enfin ce
témoin de retour d’une «zone de troubles et de contestation» scandalisé d’avoir
entendu des manifestants, sans doute abusés par le clientélisme local, proclamer
avec virulence «leur refus de voir des étrangers, ces algériens venus d’autres régions
d’Algérie, venir habiter dans leur
quartier».
Ces comportements sont ceux d’algériens, de
toutes catégories sociales, lettrés où pas et qui ne sont pas toujours ceux que
l’on croie. La misère sociale, la pauvreté et la mal vie qu’il faut combattre
avec force ont toujours constitué partout dans le monde le réservoir dans
lequel ont puisé avec satiété les tenants
de tous les fascismes et ont souvent fait le lit des plus grandes dictatures.
L’Algérie recèle d’immenses richesses qui sont très mal réparties et parfois même
confisquées. La promotion sociale, le développement humain et la construction de véritables perspectives de
lendemains meilleurs constituent le meilleur antidote contre la haine et le
meilleur attelage du vivre ensemble. Cela permet aussi de ne laisser personne
sur la marge.
Le régionalisme et la corruption ont hélas constitué
depuis très longtemps les deux moteurs de la gouvernance en Algérie et ont été
utilisés sans modération par tout le monde. Que l’on ne s’étonne pas alors que des
propos inconcevables, condamnables et inimaginables il ya de cela quelques
années soient devenus ordinaires et se banalisent avec tout ce que cela peut engendrer
comme danger à court terme pour la cohésion de la communauté nationale et comme
risques potentiels de dislocation de notre pays.
Dans cette Algérie ou l’on ne sait parfois plus coexister
ensemble et où chacun vit reclus dans sa région, sa ville, son quartier sans
jamais chercher à connaitre l’autre et où ceux dont la mission était de montrer
la route ont failli et ont souvent joué aux apprentis sorciers, l’Islam seul
continue d’être aujourd’hui le fédérateur
de toutes les différences qui donne du
sens à un vivre ensemble qui subit lui aussi les effets de l’air du temps. Il constitue
aussi le dernier rempart contre le déferlement de ce magma monstrueux, mélange
explosif de frustrations sociales, de misère, d’injustice, de rancœurs longtemps
contenues, de brimades subies qui pourrait
faire demain le lit de ces grands malheurs qui viennent. Que Dieu nous en
préserve.
[I] De nombreux journaux et sites reçurent cet article à l'époque. Alterinfo, Le Quotidien d'Oran, NadorCulture et L'Echo de Jijel le publièrent.
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