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La Palestine au coeur de la diversion

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Note de l'auteur: Cet article qui a été publié en novembre 2012 peut également être lu sous le titre La Palestine pour ne plus oublier



L’humanité doit continuer d’être amnésique et sa mémoire sélective. La Palestine est devenue la note discordante d’une partition inachevée. Une partition planétaire dont nous entendons déjà quelques morceaux choisis. Lorsque des états et les pouvoirs qui les incarnent, qu’ils soient d’émanation démocratique où d’essence autoritaire, se brouillent entre eux, c’est que les différents qui les opposent deviennent insurmontables et que les petits arrangements entre amis  ne suffisent plus à rétablir la confiance. Il faut alors choisir, s’entendre malgré les turbulences internes qui s’annoncent où éliminer  le superflu pour préserver l’essentiel, c’est-à-dire sauver la paix civile pour les uns et se maintenir coûte que coûte en situation de responsabilité  pour les autres. Les peuples imposent parfois de nouvelles exigences et révèlent de pertinentes priorités que même les plus grands stratèges ne peuvent anticiper. Les relations officielles peuvent aussi se crisper et même se détériorer et les sociétés civiles, lorsqu’elles existent, prennent alors le relais, se redéployent, retissent du lien comme on dit et permettent à l’irréparable de ne pas se produire. L’élément humain et les relations que peuvent construire ceux que l’on nomme improprement « les petites gens » peuvent s’avérer indispensables à la pérennité de relations entre des états.




Ces observations demeurent, semble-t-il,  valables aussi bien dans le cas de relations qui lient les principales puissances du monde aux pays en développement que dans celui de liens réguliers qu’entretiennent ces derniers entre eux. Ainsi, depuis l’opulence des trente glorieuses, de nombreuses puissances ont toujours privilégié les relations avec les pouvoirs en place indépendamment des souffrances que ces derniers peuvent infliger à leurs peuples dans des situations souvent paradoxales où peuvent se côtoyer simultanément extrême pauvreté, corruption massive et dilapidation d’argent public, insolente richesse et exubérance indécente, autoritarisme et non-droit. Pour les puissances, préserver des intérêts strictement économiques bien identifiés, consolider une influence dans une zone géographique donnée et en faire une  chasse gardée notamment lorsque d’autres puissances prédatrices peuvent apparaître auront toujours constitué les axes autour desquels se sont articulées des situations de domination des uns et de soumission des autres.  «L’honneur étant ainsi sauf », sauf celui de peuples démunis, appauvris et malmenés dans leur propre dignité. Ces puissances ont toujours installé, protégé et récompensé des pouvoirs de pays pauvres avec lesquels elles ont entretenu les meilleures relations. Un pacte du mal est ainsi scellé et les puissances dites « civilisatrices » s’accommodent, le plus souvent au mépris de tout ce que la conscience humaine condamne, de régimes totalitaires, négateurs de toute aspiration à la liberté et de tout développement économique.  Mais cette conscience réprobatrice existe, s’aiguise et finit par s’exprimer souvent par le biais de sociétés civiles qui dénoncent ainsi abus, brimades, rapines, pauvreté, arrestations arbitraires, sévices et tout ce que peuvent endurer des populations entières, muettes et souffrant dans le plus assourdissant des silences. Elles dénoncent aussi et révèlent même parfois biens immobiliers mal acquis et comptes bancaires occultes ouverts sur leurs propres territoires. Les relations entre pays dits en voie de développement peuvent subir elles aussi les effets pervers des contingences internationales et des manœuvres dilatoires de grandes puissances qui n’hésitent plus à interférer de manière insidieuse pour contenir tout rapprochement et éviter que ces pays ne s’entendent. Il faut ainsi  délégitimer le bon voisinage, maintenir la stratégie de la tension et provoquer toujours le pourrissement  jusqu'à ce que parfois l’irréparable survienne et se produise comme la guerre par exemple.  Cependant et dans un contexte de profusion de nouvelles technologies et de relativisation de la notion de distance,  deux éléments fondamentaux et déterminants ont, semble-t-il, essaimé, perturbé cette stratégie planétaire de domination des peuples,  bousculé  le statu quo jusque là maintenu par la force et l’allégeance de régimes autoritaires honnis et réveillé les consciences encore  endormies. Le premier est l’émergence d’une crise économique mondiale qui permet de découvrir que la pauvreté la plus extrême, comme ce fut le cas du terrible dénuement des populations noires de la Nouvelle-Orléans révélé à la face du monde par la puissance dévastatrice de l’ouragan Katrina, peut exister au cœur même de ces puissances économiques, la misère n’étant plus réservée qu’aux seuls pays sous-développés, et le second est l’avènement d’une pensée islamique politique militante et engagée qui conteste tant dans le fond que dans la forme aussi bien l’ordre mondial dominant , le politiquement correct que la légitimité supposée de valeurs  présentées comme universelles mais fondamentalement venues d’ailleurs.  Lancinant débat diront peut-être certains, mais nous ne le redirons jamais assez. La première situation a permis à une partie des opinions occidentales de s’émanciper de la pensée dédiée au culte du profit à tout prix au détriment de l’humain et de son véritable épanouissement et de dénoncer et de combattre les puissances de l’argent et leurs impitoyables articulations politique, médiatique et militaire. La seconde a permis de mettre en avant le postulat que des peuples souverains peuvent vivre autrement et que ce qui semble convenir à certains peut ne pas l’être pour d’autres. Que  l’universalité supposée de concepts et de valeurs peut être contestée par d’autres, contredite par la réalité des relations internationales et ne pas incarner le modèle idéal que l’on a toujours voulu nous faire admettre. Et dans ce cas de figure, le concept de la régression féconde, intelligemment développé par un célèbre sociologue algérien, puise toute sa raison d’être et rencontre toute sa légitimité. Il arrive aussi que des passerelles se construisent parfois entre ces deux éléments «perturbateurs » qui vont provoquer, comme dans les processus de régulation,  des effets convergents. La quête du droit, de la justice et du respect, des uns, se réconcilie et se conjugue avec celle d’un nouveau vivre ensemble, de la protection de la terre et de la dénonciation des puissances de l’argent, des autres. Et les peuples découvrent, soudainement et indépendamment de leurs différences ethniques, raciales, culturelles et religieuses, qu’ils se ressemblent et qu’ils  font face aux mêmes défis de survie et de protection d’une terre dont les ressources sont déjà largement épuisées  et qui hypothèquent  l’avenir de générations entières.  Mais cette jonction va également  permettre à d’autres forces de se libérer et de cristalliser autour d’un socle réel de difficultés et de frustrations savamment métamorphosées, comme cela se fait depuis la nuit des temps, en tout ce que l’humanité peut renfermer de pire comme la haine, la barbarie, la dévastation, la guerre, l’antisémitisme le plus abject qui rappelle que le ventre de la bête immonde est toujours fécond, la haine des musulmans qui se décline maintenant sous le doux euphémisme d’islamophobie, le racisme bête et méchant et de bien d’autres choses encore… Mais les limites séparant ces deux versants, ces deux forces antagonistes et antinomiques,  d’une même montagne ne sont pas toujours évidentes et les paradoxes les plus incompréhensibles peuvent se produire et les situations les plus inattendues surgir. Ainsi, pendant que la crise économique mondiale déploie, comme une pieuvre, ses meurtrières tentacules et prend des peuples entiers à la gorge et que le monde arabe vacille sous les convulsions d’une supposée révolution printanière dont on ne connaît pas encore toutes les issues, les nouveaux inquisiteurs, eux, veillent. Il faut toujours savoir faire diversion. Et surtout ne pas incommoder cet état, Israël, ce pays, l’un des derniers peut-être  sur terre, qui continue de bafouer toutes les lois internationales, de défier toute la planète et de bénéficier de l’impunité et de l’indulgence de puissances dont certaines osent venir nous parler d’équité et d’équilibre. Et de provoquer le silence des plus grandes organisations internationales dont celui des Nations-Unies. Il est tellement plus facile de disserter du nord du Mali et du printemps arabe. Et pendant que les consciences ne sont pas encore toutes éveillées et que beaucoup se taisent et deviennent complices, le peuple Palestinien, lui, peut continuer de mourir. Sa liquidation physique et son corolaire, son anéantissement par la pauvreté et par la faim, est déjà largement enclenchée, son espace vital de plus en plus rétréci et l’élimination de son patrimoine immatériel et de sa mémoire minutieusement conduite. Le silence de l’opinion internationale devient coupable et pèse lourd sur nos consciences. L’isolement international du peuple palestinien s’accentue. Et son errance et sa dépossession n’ont désormais plus de limites. Pour la survie du peuple Palestinien, il faut agir et vite. Car, souvenons-nous, d’autres génocides ont déjà eu lieu !

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