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Algérie, la crise est-elle derrière nous?

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La question mérite d’être posée.   La situation de crise permanente et multidimensionnelle, politique, économique, sociale, culturelle puis sécuritaire,  vécue par l’Algérie depuis des décennies a  permis à la société de développer ses propres ressorts d‘amortissement face à la variation des conjonctures  qui permettront sans doute d’éviter le choc frontal avec le nouveau contexte post chute du prix du pétrole. Et aurions-nous peut-être et sans le savoir développer notre propre système immunitaire qui  nous a protégés de cet ouragan mortel qui a soufflé sur de nombreux pays et d‘éviter une nouvelle difficile épreuve après en avoir vécu tant d’autres ?

Entre l’état de non-droit et l’état de droit, beaucoup de pays ont déjà choisi.  L’Italie, le Brésil et d’autres pays encore ont vécu d’amères expériences. Et sans un sursaut qui fût salutaire, des territoires entiers  sous-administrés du fait de l’absence de l’état et du droit auraient laissé s’installer l’insidieux désordre qui caractérise aujourd’hui de nombreux pays. L’état ne doit jamais se délester non seulement de ses missions régaliennes mais aussi de ses fonctions régulatrices. Et en ces temps d’implosion d’états et de pays tout entiers, encouragée il est vrai par cette nouvelle force prédatrice et destructive que constitue l’oligarchie mondialiste et ses articulations financière, politique, militaire et médiatique, le principe de prudence doit être adopté.
En Algérie, ceux qui invoquent l’état civil savent certainement que ce vocable n’est pas le plus approprié.  Mais dire autre chose serait un exercice difficile. En tous les cas cette expression serait, selon eux, conjoncturellement la plus opportune.  Et comment dire état de droit sans reconnaître implicitement que l’on vit peut-être encore où que l’on a jusque là toujours vécu dans l’état de non-droit. Non pas parce que nous vivions sous le régime des baïonnettes bien que notre peuple ait eu malheureusement à subir, bien après celui du colonialisme français, l’autoritarisme postindépendance le plus incompréhensible mais aussi le plus répressif mais tout simplement parce que tout ne fonctionne pas comme il devrait l’être.
Mais cette expression pourrait prêter aussi à confusion. Oublie-t-on ainsi par exemple que l’on parle aussi de puissances militaires à propos des grandes nations développées et non moins grandes démocraties occidentales ? Il s’agit en réalité d’évacuer des mémoires et du vécu la terrifiante expression  de dictature militaire qui a également son pendant civil qui est l’état policier. Il est nécessaire de concilier l’impératif de l’état de droit, l’obligation de l’émergence d’une économie forte et la construction d’une armée puissante. De disposer aussi  d’un renseignement extrêmement performant qui constitue aujourd’hui et même dans les plus grandes démocraties dans le monde ce bras intelligent qui veille et qui anticipe les situations de crise. Alors ce qu’il faut bannir ce ne sont pas les institutions mais l’usage que l’on en fait et le dévoiement malheureux de leurs missions.
Et s’agissant de l’Algérie, le défi  serait-il désormais d’apprendre à mieux gérer le désordre pour lui donner du sens et l’amener à produire de la richesse en l’insérant dans l’organisation dans son sens le plus noble que de faire face à une véritable situation de déliquescence intentionnelle. Certains indicateurs de développement émanant d’organismes connus pour leur crédibilité laissent entrevoir qu’une fenêtre de tir existe et qu’il s’agit encore une fois de lever les verrous politiques qui empêchent la dynamique de croissance économique, impulsée par l’initiative et l’intelligence, de s’installer dans la durée. Car sous l’incurie générale bouillonne l’intelligence qui ne demande qu’à surgir bien que bridée, il est vrai, par les pesanteurs du statu quo, de la bureaucratie et de la résistance au changement.
La naissance de l’Algérie nouvelle est en train de se faire au forceps et cela est une réalité indiscutable. La chute du prix du pétrole et ses conséquences en termes de contraction des ressources financières ne serait-elle pas finalement qu’une opportunité pour précipiter les ruptures, accélérer le changement et libérer les initiatives ? Si chacun veut organiser le changement à sa manière et surtout à son profit, les luttes sociales et les rapports de force politiques apporteront comme c’est souvent le cas dans de nombreux pays les ajustements nécessaires.
Et les contingences internationales et la multiplication des zones d’instabilité et de conflit dans le monde donneront aussi à réfléchir et feront certainement converger les efforts vers l’essentiel. Permettre à l’Algérie d’éviter le choc frontal avec un contexte économique extrêmement difficile qui vient. Il s’agit là d’une véritable course contre la montre. Le temps des compétences est désormais arrivé. Le capital humain dont dispose l’Algérie aussi bien au niveau des membres de sa diaspora qu’à l’intérieur de ses frontières est fabuleux, les idées contrairement ce que l’on pourrait croire foisonnent de toutes parts et compter sur le génie de ce peuple n’est ni un mythe, ni une légende.
La véritable crise est derrière nous. L’effort convergent de tous est de mettre en place les modes de gestion qui permettront en un temps très court de rattraper d’immenses retards occasionnés non seulement par une mauvaise gouvernance mais aussi par de nombreux facteurs endogènes aujourd’hui dépassés.
Les algériens ont fait la paix avec eux-mêmes. Et la retenue manifestée par de larges franges de la société à l’égard de phénomènes de turbulence sociale et politique qui se sont produits ces dernières années dans de nombreux pays permettent  de penser que la maturité est désormais acquise. L’aventure n’est plus dans l’air du temps et le changement ne devra plus, espérons-le, se conjuguer avec un processus induisant de nouveau un cycle de manifestations, de violence et de  répression.
La nécessité d’une seconde république, d’une renaissance où d’un sursaut salvateur, c’est selon,  est désormais sur toutes les lèvres. Opposition et même personnel politique en situation de conduite des affaires du pays dont de nombreux représentants le concèdent et le disent sous couvert de l’anonymat.
Crise politique aiguë qui livrera bientôt sa signification et les fruits de sa décantation, opposition pragmatique dans toute sa diversité y compris celle ayant eu à souffrir de nombreux dénis et consciente qu’il ne faut surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain, consensus autour de la nécessité de la séparation des pouvoirs comme cela se fait dans les grandes puissances démocratiques et nécessité d’une économie réelle sont quelques unes des caractéristiques de notre situation actuelle.

La crise a ses paliers et de nombreux ont  été déjà franchis. Nous avons la naïveté de croire que l’essentiel est derrière nous car l’expérience permet toujours à un pays surtout dans les épreuves les plus tragiques de développer l’apprentissage. La nouvelle constitution dont tout le monde parle et qu’on ne voit pas encore doit être une réponse crédible aux enjeux de l’heure et devra nous permettre de panser définitivement nos blessures et de nous projeter vers l’avenir. Le diagnostic de notre situation actuelle a été établi et formalisé dans tous ses aspects. L’intelligence doit se mettre désormais au service de la construction d’une économie forte dans un état de droit qui induiront l’espoir. Les dénis et les injustices du passé et peut-être aussi du présent sont toujours lourds à porter mais la force du pardon s’impose toujours au futur lorsque l’espérance est construite.

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