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Les absents n'ont pas toujours tort

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Note de l'auteur: Cet article a été publié pour la première fois en janvier 2015

Après l’attaque armée qui s’est produite à Paris et dans les jours qui suivirent cet événement sanglant, un débat télévisé à révélé un point de vue que les cercles bien pensants, qui squattent depuis des décennies les studios de télévisions et autres rédactions de journaux français, ont vite fait d’évacuer et de faire passer aux oubliettes.

Et qui mieux que Charles Pasqua et le juge Alain Marsaud pouvait mieux l’exprimer puisque aussi bien l’un que l’autre connaissent bien la violence politique armée pour l’avoir prévenue, endiguée ou gérée lorsqu’elle s’est produite dans le cadre de leurs fonctions respectives de ministre de l’Intérieur et de juge. Et en France, Action Directe, par exemple, qui était une organisation politico-militaire plutôt ancrée à l’extrême gauche, a pratiqué l’action armée tout comme l’ont fait certaines fractions armées issues de l’extrême droite, qui ont plastiqué par exemple de nombreux foyers d’accueil d’immigrés provoquant la mort d’un grand nombre d’entre eux, sans que personne ne s’en émeuve à l’époque. 


Mais soit. La liste des attentats et autres victimes assassinées parfois jusque dans leur sommeil, est tellement longue qu’il serait sans doute fastidieux de tous les citer. Ainsi donc et à chaud, le juge Marsaud s’exprimant sur une chaîne parlementaire a dit ceci : «Nous avons fait la guerre chez eux, ils l’a font chez nous». Mais exit ce point de vue des débats. Exit cette opinion malvenue qui illustre pourtant bien cet alignement stupide de la politique étrangère française sur celle des Etats-Unis, impulsé par l’ancien président Sarkozy qui a remis en cause certains de ses fondamentaux mis en place après la Seconde Guerre mondiale. Exit aussi des analyses entendues ici et là, la cause palestinienne, les droits légitimes du peuple palestinien à un Etat et au retour des millions de réfugiés, la mal vie des banlieues, les milliers de victimes collatérales induites par les agressions militaires contre l’Irak, l’Afghanistan, le Mali, la Libye, le racisme ordinaire qui a toujours sévi en France mais aussi en Europe et aux Etats-Unis ou l’élection d’un homme de couleur n’a pas permis d’endiguer la recrudescence des meurtres et assassinats de noirs, les brimades longtemps subies, la haine instillée dans la société française par les nostalgiques de l’Algérie française et autres ultras de l’OAS, la profanation récurrente de l’esplanade des mosquées à Jérusalem et tout le reste, tout ce que tous les peuples de la Terre endurent depuis si longtemps, les souffrances et ce qui vient. Si personne ne peut se réjouir de la mort surtout de personnes sans armes de surcroît sur leur lieu de travail, ni rire de ce sang mêlé à l’occasion de cette énième tragédie qui secoue la capitale française et ébranle toutes les certitudes, il ne faut cependant pas avoir la mémoire courte et faire l’effort d’être juste, impartial et essayer de comprendre pour mieux apaiser les choses. Car cette exaltation de la fierté nationale à laquelle nous assistons actuellement en France et qui n’augure rien de bon, cet enthousiasme débordant de foules, qui après avoir intériorisé leur douleur, demanderont sans doute demain vengeance, ces processions matinales autour de kiosques à tabacs pour arracher un hebdomadaire, qui continue de faire dans l’excès et qui à l’occasion en remet une couche qui paraît-il, selon la nauséabonde Caroline Fourest, est plutôt une provocation douce et gentille comme pourrait l’être son géniteur, malmèneront encore plus ce qui reste encore de cette cohésion nationale en France. Et puis ces comparutions immédiates qui ressemblent à de véritables rafles qui sont infligées à tout dérapage sémantique comme ce sacré Dieudonné placé en garde à vue pour avoir tweeter une phrase et tout le reste dont personne ne parle. Pourtant la carrière de cet artiste fut brisée et personne n’y vit à l’époque une atteinte à la liberté d’expression. Mais pas de comparution immédiate pour Eric Zemmour et son discours haineux et sa référence à la déportation et au déplacement des musulmans d’Europe. Pas de comparution immédiate pour tous ces prétendus intellectuels qui ont réussi en quelques années à conceptualiser en France la haine du musulman et de l’Islam comme Alain Finkelkrauft ou pire Bernard Henry-Levy. Personne n’a parlé à l’époque de baliser la liberté d’expression, ni même condamné leurs propos. Juste une réprobation de principe exprimée par le ministre français de l’intérieur du bout des lèvres pour marquer le point. En cas de nécessité sans doute. La séquence parisienne qui vient de se dérouler sous nos yeux ébahis et les conséquences dramatiques qu’elles induiront à court terme donne finalement raison à ceux qui pensent qu’entre l’Occident et le monde musulman la rupture est désormais consommée. La liberté et la démocratie ne sont qu’un leurre, une illusion, un tour de passe-passe pour légitimer l’injuste et faire avaliser l’essentiel par une opinion assommée par la crise économique, le chômage et l’angoisse existentielle. Et ne restera sans doute que les imbéciles qui continueront de penser et de croire que l’Islam peut se dissoudre dans le modèle occidental déliquescent et en pleine décadence, perspective à propos de laquelle un savant musulman installé, français, disait un jour «qu’entre nous, il ne saurait y avoir ni intégration, ni assimilation mais juste du respect mutuel». Nous ne sommes apparemment déjà plus là ! Les musulmans de France, d’Europe et des Etats-Unis auront vocation, tôt ou tard, à quitter ces zones géographiques. Le clash des civilisations est largement amorcé et la désaliénation des élites musulmanes, victimes consentantes et inconsciences de l’illusion occidentale, est un impératif vital pour le monde musulman. Et si chacun finalement est en droit d’exiger d’être libre chez soi et d’y vivre libre alors il faut aussi avoir le courage et l’honnêteté de s’interdire désormais d’aller guerroyer chez les autres pour y disloquer Etats et nations, et y semer la mort et récuser par la force des armes, le droit qu’ont les peuples musulmans de vivre comme ils l’entendent chez eux et conformément à leur religion. Tout cela est finalement bien triste. La mort de Cabu et de tous les autres qui pour certains se sont sans doute trompés de combat et de cause en confondant liberté d’expression et atteinte aux convictions les plus profondes des personnes, qui n’ont pas les médias pour le dire et se défendre, n’aura servi qu’à une seule chose. Permettre à Netanyahu non pas d’être déféré comme il le mérite pour crimes de guerre devant la fameuse Cour pénale internationale mais de pavaner de République à nation. Quelle est triste la France ! Et demain lorsque les lampions se seront éteints, l’émotion contenue, les vicissitudes de la vie repris le dessus et qu’insidieusement l’oubli se sera installé, ne resteront que ceux qui n’auront pas eu tort d’être absents et qui seront confortés dans leurs certitudes et leurs convictions de continuer d’être musulmans. Et la France aura définitivement perdu un allié de taille, le monde musulman !

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