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Note de l'auteur: Les faits relatés dans ce texte sont imaginaires. Toute ressemblance avec des fait réels ne serait que fortuite et pure coïncidence.
Je
m'appelle Yacine. Mehdi. B. et mes potes m'appellent toujours Carl. Je suis né
à Vaulx-en-Velin, dans l'agglomération lyonnaise. Ma famille était modeste et
mon père était maçon et coffreur dans le bâtiment. Mon père aimait sa truelle
qu'il tenait avec fierté. Il disait souvent qu'elle était son honneur car elle
lui permettait de vivre honnêtement. J'ai grandi entre les nombreuses poches de
misère et de précarité de cette région. Au marché j'ai souvent courbé l'échine
sous le poids de sacs de fruits et de légumes que j'ai porté contre quelques
sous. Pour aider à remplir la marmite comme on dit. Le soir, j'ai souvent été m'éclater
non pas dans les boites snobs dont l'accès m'était interdit mais à leur
périphérie, dans ces bas-fonds, rendez-vous de toute la faune nocturne, des diseuses
de bonne aventure et autres paumés qui
s'essayaient au swing claironné par de vieux cuivres venus des cités
avoisinantes. L'alcool n'y avait déjà plus droit de cité, juste quelques joints
pour croquer la lune. Et pleurer la malchance. De Rillieux-la-Pape à Saint-Fons et même à
Lyon ville, j'ai déambulé sans retenue, en quête de devenir mais aussi d'une raison d'exister.
Je n'y ai trouvé qu'amertume, mépris et
rejet. J'ai vécu dans la marge non pas parce que je sois né marginal
mais parce qu'on m'y a poussé. Sans raison et de force. J'ai quitté prématurément
l'école parce que je voulais devenir taxi. J'y ai laissémon meilleur mon
pote Eléanou qui voulait être avocat. Je voulais aussi ressembler à Robert de
Niro dans Taxi Driver. J'ai rompu avec les belles avenues et les grands
boulevards où je n'étais pas le bienvenu. J'ai trouvé refuge sur les pentes de
la Croix-Rousse et à la Duchére. Ce quartier m'a appris comment survivre à défaut
de vivre. J'ai souvent demandé des sous à quelques petits prétentieux. Jamais
aux pauvres, ni aux paumés. Juste ceux
qui flambent le fric sans compter et qui rotent de leurs discours enflammés à
la puanteur souvent raciste et antisémite. Je les ai attendus à la sortie de
leur tanière. Souvent ivres et en galante compagnie. Je leur ai demandé
quelques billets qu'ils n'avaient pas encore dépensé où qu'ils s'apprêtaient à faire,
avec quelques filles de joie qu'ils ramenaient à l'aube chez eux. J'étais en somme juste. Je demandais des
sous à ceux qui en avaient déjà trop. Et qui avaient aussi la langue bien
pendue.
Note de l'auteur: Les faits relatés dans ce texte sont imaginaires. Toute ressemblance avec des fait réels ne serait que fortuite et pure coïncidence.
Après
avoir tout vu et tout entendu, j'ai décroché et j'ai quitté ma ville et je suis
remonté dans le nord. J'étais déjà un grand gaillard, sportif et je commençais
à m'imposer une hygiène de vie. Physique et spirituelle. Je me suis arrêté à
Lille bien que je voulais plutôt m'installer à Calais. Pour voir le large.
J'étais à Lille, pas loin de la Belgique. Je traversais souvent la frontière
pour acheter des chocolats. Ils coûtaient mois chers de l'autre coté de la
frontière. Il est vrai qu'à Lille, comme partout dans le nord, les gens n'ont
pas le cœur dans la gestuelle mais bien en place. Et contrairement aux comparses
du sud, ils sont sacrement réservés. Mais ils vous donnent tout quand ils
deviennent vos amis. En tous les cas l'essentiel, leur amitié. Avec mes
nouveaux potes, j'ai appris autre chose. J'ai tout largué. Petits combines, joints
occasionnels et même petites fêtes entre amis. Je voulais juste devenir un
bosseur. Faire comme beaucoup de gens. Trimer dur pour gagner ma vie et fonder
une famille. Mon modèle était désormais
plus Serpico que Corléone et j'étais
déjà rangé. J'ai travaillé de nombreuses années dans une grande imprimerie.
J'était clarkiste comme on dit et l'odeur du papier était devenue mon autre
oxygène.
Un
jour, tout s'est gâté. A la cantine, le serveur m'a joué un mauvais tour que je
n'ai pas du tout apprécié. Ce dernier pensait pouvoir plaisanter avec ce qui m'était le plus cher
et le plus intime. Le respect scrupuleux qui était le mien de mes obligations
religieuses. Juste cela. Je ne demandais jamais rien à personne. Avec cela,
j'étais déjà immensément riche. Sans le
savoir j'ai mangé du poisson auquel on avait rajouté du porc. Bien incrusté
dans le repas, je ne m'en suis pas aperçu. Naïf que j'étais, j'ai vraiment cru
que ce n'était que du poisson.
Au cours du repas, je surpris mes voisins de
table discuter du menu. Je compris l'arnaque.
Je m'en suis allé demandé des explications à ce mauvais plaisantin. En
guise de réponse, j'eus droit à son rire moqueur et hautain et Je vis le reflet
de mon visage sur l'enrobage en or de ses dents. Fou de rage, j'ai planté ma fourchette dans son cou de
boucher. Il s'en est sorti avec dix point de suture et un mois d'arrêt de
travail. Je fis mon entrée en prison. J'écopa d'une peine de 18 mois et je n'eu
droit à aucune circonstance atténuante. Juste les propos malveillants de quelques
présents dans la salle d'audience comme ce fameux si tu veux un menu spécial
, tu n'a qu'a renter chez toi....
Je
n'était pas un super pratiquant mais je faisais mon apprentissage. Je voulais
juste vivre comme mes parents. Travail, famille et prieres pour soi et pour les
autres. En sortant de prison, aprés avoir purgé ma peine, j'ai décidé de
quitter le nord pour rejoindre la Belgique, pays frontalier situé à quelques
encablures de là. Molenbeek m'accueillit alors à bras ouvert.
Dans
cette commune de Bruxelles, j'ai tout visité et tout exploré. J'ai cherché un
emploi et je m'y suis marié. J'ai trouvé mon alter ego. Une femme honnête en
quête elle aussi d'un avenir. J'ai connu tous les quartiers de cette ville. Ribaucourt, Étangs-Noirs, Comte de Flandre, le quartier de
la Gare de l’Ouest. J'évitais la zone située entre cette gare et la station de
métro de Beekkant, devenue le quartier chaud de Molenbeek.
J'allais
aussi dans la zone de Ninove et je
passais dans le quartier Heyvaert où florissait le commerce de voiture. D'ailleurs
c'est à Heyvaert que j'ai trouvé un emploi. Dans une station service. L'odeur
de l'essence avait remplacé celle du papier mais il fallait s'y faire. Pour
gagner sa vite honnêtement.
Un jour
je fis la rencontre d'une famille irakienne, venue chercher refuge en Belgique.
Une bonne partie de ses membres fut décimée à Baghdâd, sous les bombardements de
l'aviation US. C'était du temps où les américains dans leur folle obsession de
détruire le monde musulman s'en allèrent conquérir et anéantir l'Irak à la
recherche d'un hypothétique arsenal d'armes de destruction massive. Un mensonge
que je considérais comme le top départ de ces nouvelles croisades. A Molenbeek
et bien que je n'ai jamais fait d'études importantes, ma conscience politique
s'aiguisa. Et je compris qu'après avoir été divisé entre l'est et l'ouest, le
monde était désormais séparé entre ceux du nord et ceux du sud. J'ai beaucoup
voyagé et je n'ai jamais compris le silence de ceux qui me reprochaient de vouloir
juste vivre comme je l'entendais. Sans gêner personne. Ils turent pourtant tous
les massacres et tous les crimes et seule leur diatribe antimusulmane résonne
encore dans mes oreilles. Rien ne pouvait les arrêter. Ils étaient tous lâches
et avaient la conscience ankylosée. Pas un mot sur la Palestine et sur le
peuple Palestinien. Eleanou, mon pote du collège était plus correct. Juif, il
me disait qu'il faut un pays pour ce pauvre peuple. Un jour, je revins en
villégiature en France. Je voulais revoir ma ville, mon quartier et mon
enfance. J'étais en famille avec mes deux bambins sous les bras. Un excité me
regarda de travers et me dit qu'avec nos tenues nous souillions
l'environnement. Je n'accepta pas le terme de souillure à propos d'une manière
de se vêtir. J'e n'en disais pourtant jamais autant de toutes ces femmes et de tous
ces hommes qui se dandinaient parfois presqu'à poil dans la rue. En guise de
réponse, je lui mis mon coup de poing dans la figure. Des policiers
s'intercalèrent et nous conduisirent au commissariat. Le policier de permanence
me recita le procès-verbal qu'il venait de rédiger après nous avoir écouté, mon
agresseur et moi-même. Il me demanda de revenir le lendemain en me disant que
la prochaine fois ça sera la fiche S. Je n'ai jamais compris ce qu'il voulait
dire.
Le jour même je
rejoignis Molenbeek. J'appris le lendemain que j'était recherché en France. Je
n'avais pourtant commis aucun délit. Je repris la route de Lille pour y
déposer, chez une vieille tante, ma femme et mes deux bambins. Trois jours
après j'avais déjà quitté la France, la Belgique et l'Europe. J'avais réussi à
me faire recruter parmi ceux qui combattaient les troupes américaines
stationnées illégitimement sur les terres d'Irak. Ces terres étaient également
les miennes et je devais les défendre car j'étais musulman.

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