Sévices et exécutions dans les camps de la mort
de la région de Si Mustapha, Legata, Koudiat El Arais, Zaatra
Entretien avec Monsieur Rabah BOUMRICHE
Note de l'auteur: Les faits relatés dans ce texte ont été authentifiés par l'auteur** du livre dont ils s'inspirent.
Note de l'auteur: Les faits relatés dans ce texte ont été authentifiés par l'auteur** du livre dont ils s'inspirent.
S'il y a eu les politiques
français, ceux qui ont couvert la torture en Algérie en tant que pratique
systématique et qui ont donné, grâce aux pouvoirs spéciaux, les moyens légaux
de le faire, s'il ya eu aussi les chefs opérationnels zélés, médiatisés et
connus, hauts gradés de l'armée française comme Massu, Bigeard, Aussaresses, qui
ont encouragé l'existence de méthodes de torture les plus abjectes et les plus répressives
d'extorsion de l'information pratiquées à l'encontre des combattants et résistants de l'ALN-FLN, il y a eu également
dans de nombreuses régions d'Algérie des camps de la mort inconnus et non
recensés par les organisations internationales comme la croix rouge et dans lesquels ont
péri dans la souffrance des milliers d'algériennes et d'algériens victimes des
fameuses corvées de bois et autre techniques mises en œuvre par des officiers, soldat
et autres milices coloniales.
Passionné d'histoire, natif de Si
Mustapha autrefois Félix Faure, autodidacte, Rabah BOUMRICHE** a essayé, dans
un livre publié à compte d'auteur et intitulé la guerre de
libération dans la région de Si Mustapha- Legata - Koudiat El Arais-Zemmouri –
Zaatra, de restituer, en la relatant la vie militante et la mort au
combat des glorieux martyrs Mohamed SAOUDI, connu sous son nom de guerre de Si
Mustapha, Mohamed LAICHAOUI, auteur de la proclamation et de l'appel du 1er
novembre, mort en 1959 à Zbarbar, Ahmed GHERMOUL, mort en 1958, Boudjemaa et
Mohamed METERFI, pére et fils morts respectivement en 1958 et 1959 pour ne
citer que ceux-là, ce qu'ont été ces véritables camps de concentration de la
région de Si Mustapha et de ses alentours.
Avec comme trame de fond le
parcours jusqu'à sa mort au champ d'honneur de Mohamed Saoudi, l'auteur retrace
la cartographie de ces lieux sinistres dont certains sont aujourd'hui tombés en
ruine sauf la SAS de Koudiet El Arais qui se maintient malgré l'usure du temps.
Félix Faure, aujourd'hui Si
Mustapha, était peuplée de colons venus en majorité d'Alsace-Lorraine en 1872
juste après la mise en place du séquestre de la région suite à l'insurrection
de Si Ali Nath Oukaci en 1871. Cette bourgade était déjà et tout au début de la
guerre de libération nationale un centre
de tortures installé à la mairie. Elle était notamment réputée pour sa
redoutable et sanguinaire milice coloniale dirigée par Georges Paternot, le
maire, Henry Dustou son adjoint et Georges Soler, entrepreneur en location de
matériel agricole.
Au Chef-lieu se trouvait le camp
de la ferme Sabatier qui était dirigé par le capitaine Lenfant. Très actif
entre mars 1955 et Juillet 1957, date de sa fermeture, ce lieu est devenu célèbre
depuis que 11 moussebilines ont été obligés de creuser leur propre tombe avant
d'être exécutés et enterrés dans une véritable fosse commune le 2 mai 1957. La célèbre
corvée de bois de laquelle nul ne revenait jamais vivant a été instaurée dans
ce camp de torture.
Aux environs de Si Mustapha, à
Souk El Had, se trouvait le fameux centre de détention Gautier dirigé par le criminel
capitaine Scarfo. Cet endroit était réputé pour être une véritable usine à
exécution de personnes dont les corps étaient directement jetés dans l'Oued
Isser avoisinant.
Le camp de concentration de la ferme
Moll situé à IsserBourg / Legata ou était stationnée la batterie du 435éme
RAA et qui était spécialisé dans l'utilisation de différentes techniques de
torture, qui y ont été conçues et affinées, comme la gégène à l'eau savonneuse,
les brulures au chalumeau, etc.. Ces techniques étaient pratiquées par des
soldats et autres supplétifs de l'armée française.
A Courbet, la milice coloniale
dirigée par Reid, Directeur d'école, n'y allait pas de main morte.
Le camp dit des sénégalais situé
à Courbet-Marine, aujourd'hui Zemmouri
El Bahri était dirigé par un capitaine. Il était également réputé pour les
exécutions sommaires et la torture. En octobre 2009, 132 corps de chouhadas ont
été retrouvés dans des fosses à proximité de ce sinistre camp. Ils ont été ré
inhumés au cimetière des martyrs de Boussaadia, situé à Zemmouri.
Le camp de concentration du vieux
village de Félix Faure a été quant à lui installé après la fermeture de celui
de Sabatier en 1957. Il a été ouvert quatre mois (04) mois après l'attentat de Mohamed
METERFI contre Briffault, gérant de la ferme Bastien.
Sans oublier, le camp Germain
situé entre Legata et Koudiet El Arais et dirigé par le Capitaine Mathieu,
connu également pour un être un centre d'exécutions notamment pendant la
période 1958 à 1962.
Ces différents camps qui n'ont
jamais été répertoriés par les grandes organisations internationales comme la Croix-Rouge
étaient clandestins et seuls les habitants du voisinage avaient connaissance de
l'existence. Tous ceux qui y séjournaient comme les passants, les ouvriers
agricoles y étaient systématiquement exécutés. Les dirigeants de ces lieux
comme les capitaines Scarfo, Lenfant et Mathieu ont été exfiltrés en mars 1962,
sur ordre du Général Charles AILLERET et rapatriés en France.
Le 25 novembre 1958 est tombé à
la ferme BENMANSOUR, située à Ouled Ziane, Legata, Mohamed SAOUDI dit Si
Mustapha après un combat héroïque qui dura plus d'une journée. Ses compagnons
Mustapha Belaid dit Tachtach, Mohamed Rezki Abane, Harfouchi Mohamed dit Moh
Cheikh et Mohamed Guettiteche dit M'hamed Belghoul tombèrent également au champ
d'honneur ce jour-là. Neuf militaires dont un lieutenant des forces spéciales
ont été tués coté français.
Ce livre écrit avec le cœur
relate l'épopée d'une région, à l'instar d'autres en Algérie, connue pour sa
combativité et sa résistance et nous rappelle que la torture dont ont soufferts
de nombreux algériens durant la nuit coloniale et dont beaucoup en sont morts
est la pire des souffrances que l'on puisse infliger et le summum de la
négation de toute humanité. Cette tragédie vécue par notre peuple dans sa chair
n'a pourtant et malheureusement pas été totalement comprise et assimilée au
lendemain de notre indépendance.
**Rabah Boumriche
la guerre de libération
dans la région de Si Mustapha- Legata - Koudiat El Arais-Zemmouri – Zaatra

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