Marine Le Pen, la voie des sans voix

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Note de l'auteur
Ce texte n'est pas un pamphlet à la gloire de Marine LE PEN. Il exprime un point de vue sur les axes de politique étrangère que cette responsable politique entend déployer si elle était élue. Sans plus.

Marine LE PEN a décidément le beau rôle. Laissant ses adversaires politiques, de droite comme de gauche, s’approprier dans un repositionnement politique aussi audacieux qu’incompréhensible ses thèmes de prédilection, elle se concentre désormais sur l’essentiel. Donner de la voix à ceux qui depuis longtemps n’arrivent pas, du fait d’un mode de scrutin aussi injuste qu’obsoléte, à être équitablement représentés à l’assemblée française.

La France profonde gronde et la revendication nationale s’enracine et veut rompre avec la bipolarisation politique qui, selon la dirigeante du Front National, obstrue l’autre voie, celle  du refus de la soumission à l’oligarchie mondialiste.

Mais ce qui nous semble, de ce coté de la méditerranée, être extrêmement intéressant, ce sont les grandes lignes de politique internationale qu’entend conduire Marine LE PEN et dont elle vient d’esquisser les contours au cours d’une prestation télévisée.

Si l’indépendance qu’elle entend conférer à son pays, vis-à-vis des Etats-Unis notamment, nécessitera un retrait incontournable de l’OTAN,  elle préconise également de soumettre à referendum populaire la question de la rupture avec les institutions européennes, ce pouvoir supra national qui confisque, selon elle,  la souveraineté du peuple et quitter l’Euro.

L’appartenance à la Communauté Européenne semble devenir un véritable guet-apens pour de nombreux pays puisqu’il est désormais plus facile d’y adhérer que de la quitter. La suite qui sera donnée au Brexit révélera sans doute l’ampleur et probablement la pénibilité du parcours à effectuer pour décrocher de Bruxelles.

Troisième élément porteur de cette nouvelle politique internationale, la non-ingérence dans les affaires de pays souverains. Les multiples implications françaises, notamment militaires, conduites dans le sillage  de la politique états-unienne par des gouvernements français de droite comme de gauche, sont, selon Marine LE PEN, à l’origine de nombreuses turbulences dans le monde. L’intervention militaire dans de nombreux pays a effectivement provoqué le chaos, la guerre civile  et disloqué le peu d’institutions étatiques qui avaient au moins le mérite d’exister.

La rupture de la France avec l’OTAN, cette organisation qui a détruit  de nombreux pays et infliger de lourdes pertes aux populations civiles, se fera, selon Marine LE PEN, au profit  du renforcement du rôle des  Nations-Unis en tant que seule articulation jouissant de la légitimité internationale pour déployer des forces de paix et d’interposition dans de nombreuses zones de conflit dans le monde.

Un élément était cependant manquant à cette prestation, par ailleurs d’excellente facture, les rapports qu’entend développer Marine LE PEN avec le monde musulman et la nécessaire rupture avec la glorification d’un passé colonial de l’hexagone dont le moins que l’on puisse dire est qu’il a été jalonné de nombreux crimes de guerre et de sanglantes exactions infligées à de nombreux peuples.  

En révélant les grandes lignes de politique étrangère qu’elle entend mener, Marine LE PEN  donne des signes de volonté de coexistence pacifique et de respect mutuel à de nombreux pays notamment de la façade sud de la méditerranée qui militent également pour le déploiement de politiques de bon voisinage, sans pour autant renoncer et eux aussi, à un iota de leur indépendance et de leur souveraineté.

Faisant allusion à certaines propositions de politique étrangère du candidat anti-establishment à la présidentielle américaine Donald Trump qu’elle trouve conformes aux exigences d’apaisement de relations internationales de plus en plus tumultueuses, Marine LE PEN revêt un habit de présidentiable qui pèsera lourd lors de l’élection présidentielle de 2017. La dirigeante du Front National français se donne désormais les atouts de celle qui au-delà d’une victoire déjà acquise au premier tour de ce scrutin risque de provoquer un véritable séisme politique en devenant la première femme présidente de France, de surcroît dépositaire de la voie des sans voix.