referencement Google
L’image marquera sans doute à
jamais. Une passe d’armes par médias et événements interposés entre les trois
nouveaux pôles qui semblent vouloir et chacun de son coté incarner le nouvel
ordre mondial. Russes, chinois et américains disent et redisent ce que sera le
monde de demain et aiguisent leurs arguments pour l’instant exclusivement
médiatiques.
La Russie devenue extrêmement
présente au Proche-Orient veut remettre en selle la question palestinienne et sonne déjà les
cloches aux récalcitrants. Astana semble vouloir signifier au monde ce que sera
le renouveau russe sur la scène internationale.
Xi Jinping le président chinois
et dans un usage sublime de métaphores dit au monde de façon aussi incroyable
qu’audacieuse que la réforme qu’il déploie dans son pays ne saurait se
concevoir sans la prédominance du libre échange et de la libre circulation des
capitaux pour lesquels il plaide à Davos, suscitant peut-être l'étonnement des
gardiens du temple qui pensent que mondialisation, justice sociale et développement humain ne pourront pas faire
bon ménage.
A Washington et devant ses
supporter réunis à l’occasion de la cérémonie solennelle d’investiture dans ses
nouvelles fonctions de Président des Etats-Unis d’Amérique, Trump ne fait
aucune concession, dans la substance de son discours sur les fondamentaux, de
sa campagne électorale. Il sonne la fin de la récréation et redit à ceux qui
veulent bien l’entendre que le pouvoir ne sera plus, sous son mandat, aux mains
des élites qui l’ont toujours confisqué au peuple souverain qui le leur a
confié. Et en guise d’entame, Trump impérial signe l’arrêt de mort de la
reforme culte et le joyau de huit années de gouvernance démocrate. Cette
dernière aura hélas prêché dans le désert, ne réalisant aucun succès à mettre à
actif. Peu de progrès sur les grands dossiers brûlants de la planète et pire
aucune endiguement des tensions raciales et ethniques qui auront ressurgi de
manière extraordinaire au cours de ces dernières années.
Trump prend le taureau pas les
cornes et annonce dans son discours d’investiture que les banlieues de Detroit
et les plaines du Nebraska compteront de la même manière, délivrant au passage
à ces prédécesseurs un message clair, à
l’image de celui de l’ancien président français Giscard d’Estaing à la gauche
lui contestant le monopole du cœur , être à l’écoute du peuple et travailler
dur pour que le rêve américain dont il est aujourd’hui l’incarnation se réalise
encore et pour tous. Une seule et unique perspective est ainsi tracée, rendre à
l’Amérique profonde ce bonheur dont elle a été privé. Un discours parfois
d’homme de gauche que ses adversaires qualifieront certainement de populiste et
qui au final en étonnera plus d’un. Les Etats-Unis se sont appauvris et
l’effort de guerre notamment de celles menées injustement, sous de faux
prétextes, contre des pays souverains et pour des causes qui ne sont pas
nécessairement celles que l’on a vendues à l’opinion américaine, aura également affaibli l’Amérique profonde.
Les durs de l’échiquier politique américain ont désormais conquis le pouvoir et
le disent désormais sans équivoque.
Jacques Attali, dirigeant
d'association et non moins intellectuel et
ancienne tète pensante du mitterrandisme, affirme sur un plateau de télévision qu’il ne
restera plus de place pour l’Europe pour se mouvoir entre ces trois pôles de
puissance et que le vieux continent deviendra la nouvelle proie de ce que les
convulsions internationales actuelles produiront comme nouvel ordre.
Trump candidat avait déjà mis en
exergue deux options de ce que sera sa politique internationale. Elles seront
actées par son équipe. Une politique protectionniste à l’égard de la Chine et
un soutien indéfectible à l’allié britannique qui pourra se traduire par un appui sans faille, y compris
économique et financier, au bréxit pour que l’impact que ce dernier pourrait
provisoirement avoir sur la croissance de ce pays soit vite amorti.
L’Europe sera certainement
désarticulé entre une Grande-Bretagne qui aura définitivement rejoint son allié
traditionnel, la Russie qui sans renoncer à sa vocation extrême-orientale ne se
privera sans doute pas de reconquérir son espace d’influence d’Europe centrale
et de l’est et le reste qui cédera sans doute ses plus beaux atours aux
insatiables investisseurs chinois.
A court terme, Trump devra
également accordé ses premiers pas sur le plan international au diapason de ses
promesses électorales. Le monde sera attentif à ses premières initiatives dans
un contexte international tendu, turbulent et imprévisible. Et s’il annonce un combat sans retenue contre
le terrorisme international, il devra également déployer une nouvelle grille de
compréhension et de lecture de ce qui en fait le lit et en constitue les germes.
La question proche-orientale qui
demeure l’épine dorsale des turbulences qui caractérisent le monde sera la
première épreuve que subira Trump au cours de laquelle il devra démontrer là
aussi qu’il dispose d’une réelle marge de manœuvre et surtout d’une indépendance
réelle vis-à-vis de tous ces microcosmes qui jusque là ont toujours fait et
défait la politique étrangère des Etats-Unis.
Cette question démontrera aussi,
s’il en existe vraiment une, la convergence de vues entre la nouvelle doctrine
de politique internationale américaine et le regain diplomatique et le
come-back géostratégique russe sur la scène internationale.
Trump a eu sans doute la lucidité
de comprendre durant sa campagne
électorale, loin des fausses certitudes des élites embourgeoisées des grandes
métropoles des Etats-Unis, que le temps presse, que l’Amérique profonde était
impatiente et que les ingrédients de la dislocation de ce pays continent
étaient déjà en place.
Alors redonner vie à l’American
dream dont il est incontestablement devenu l’icône est une ambition saine mais
tourner le dos au monde sans essayer de circonscrive les nombreux conflits que
les Etats-Unis ont souvent eux-mêmes provoqué sera une position intenable et
probablement contre-productive. Mais le peu d’estime que le président américain
semble éprouver à l’égard de l’OTAN,
instrument militaire au service de toutes expéditions menées dans le monde par
l’occident ces dernières années, laisse espérer une revue de la doctrine de l’interventionnisme
militaire et de l’ingérence dans les pays tiers.
Face à ce nouvel ordre en
gestation, le moins que l’on puisse dire est de savoir ce que le reste du
monde, celui qui n’est pas nécessairement acteur de ces changements mais qui en
subit souvent les conséquences et en paie parfois le terrible prix, pense et ce
qu’il envisage de faire pour qu’un monde multipolaire, équilibré et respectueux
les uns des autres se mette véritablement en place.
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