referencement google
La mort atroce de Jamal
Kashoggi ne peut être que condamnée. Cet acte abject indigne de toute
conscience humaine a été de surcroit commis dans un lieu censé être un sanctuaire,
une représentation diplomatique. Ce journaliste piégé et assassiné par
traitrise mérite en ce sens le statut de martyr. Mais ces circonstances
tragiques n’ont semble-t-il pas encore révélé tous leurs secrets et ne peuvent
nous empêcher de nous poser de légitimes questions.
La médiatisation de
ce drame par les faiseurs d’opinion occidentaux ne peut absoudre les crimes
commis par leurs gouvernements respectifs et ne peuvent en tous les cas les
faire oublier. La Palestine usurpée avec un peuple condamné depuis 1948 à l’errance,
les crimes tus de l’entité sioniste et les guerres livrées contre des
populations innocentes sont des marqueurs indélébiles. D’abord l’Afghanistan
puis l’Irak et enfin la Syrie. L’ingérence en Egypte avec à la clé un président
légitime jeté en prison et ses militants assassinés broyés sur la place
publique ou jetés en prison. Le démantèlement de la Libye puis la guerre au
Mali. Ces agressions n’ont en tous les cas rarement suscité l’indignation et
encore moins la condamnation chez ceux qui les ont inspirés et soutenus et qui aujourd’hui
exploitent l’affaire Kashoggi pour d’obscurs desseins que nous devinons déjà.
Ce journaliste saoudien
que l’on dit proche de la famille royale s’est subitement retrouvé piégé dans
un endroit où il avait vraisemblablement rendez-vous. Les Etats-Unis et la
Turquie qui continuent de livrer à doses homéopathiques les informations qu’ils
détiennent à propos de cette scabreuse affaire auraient-ils failli à la mission qui était aussi la leur, celle de
veiller sur un homme qui ne l’oublions pas vivait aux Etats-Unis et se rendait régulièrement
au Turquie où il disposait d’attaches solides.
De quels éléments
disposons-nous pour condamner et designer les commanditaires de cet acte barbare
même si la gouvernance qu’ils incarnent n’est pas indemne de tout reproche? Bien au contraire.
Mais un prince qui prétend
incarner le renouveau peut-il à moins d’être extrêmement naïf commettre un tel
acte au point d’hypothéquer ses propres chances d’accéder au trône?
Qui aurait réussi si
tel était le cas à vendre ce projet à un prince que l’on dit extrêmement rusé
et prudent? Serait-ce comme le prétendent certains un proche du Président
Trump
Disposons-nous de
tous les éléments pour légitimement condamner ce Prince alors que l’unanimité
des dirigeants occidentaux commence déjà à se fissurer?
Beaucoup d’éléments
et aussi de services semblent se télescoper dans ce que l’on peut déjà qualifier
aujourd’hui d’affaire Kashoggi.
La façon dont les medias
occidentaux se sont vite emparés de ce crime laisse perplexe et ces géniteurs de l’amalgame
Islam et terrorisme ne se sont pas fait
priés pour cracher encore une fois le feu.
Car au delà de la famille
royale saoudienne et des frasques qu’on
veut bien leur attribuer et après avoir cautionné la mise sous séquestre et la
confiscation des lieux saints de l’Islam en Palestine, il s’agit de s’attaquer
désormais à ce qui constitue le sanctuaire de milliards de musulmans, la
Mecque.
Il serait donc bien naïf
et surtout hasardeux d’obéir aux injonctions de ceux qui manipulent les
consciences et qui du haut de leur suffisance et des crimes qu’ils ont depuis
des siècles commis osent encore dire à l’opinion internationale ce qu’est le
bien et ce qu’est le mal.
L’Algérie n’a pas a
rentrer dans cette danse macabre. Notre pays entretient d’excellentes relations
avec l’Iran, la Turquie d’Erdogan, le Qatar et le Royaume d’Arabie saoudite ne doit
pas faire exception. Nous ne sommes pas naïfs et notre pays n’ignore pas les
enjeux de la géopolitique régionale. Le monde arabe auquel de ce point de vue là
nous appartenons a souvent brillé par ses paradoxes et il serait fastidieux de
les énumérer tous. Les vertus démocratiques n’ont jamais été les siennes et les
revirements ainsi que les mauvais coups souvent sanglants ont toujours jalonné
son histoire. Ceux qui aujourd’hui ont déjà condamné Mohamed Ben Salmane seront
peut-être demain si la conjoncture venait à changer les premiers à le
courtiser. La condamnation sans équivoque de l’assassinat de Kashoggi par l’Algérie
a et bien qu’elle soit un peu tardive le mérite d’exister et balise en tous les
cas le voyage de ce Prince dans notre pays. Mais la realpolitik a aussi ses vertus.
Nous avons souvent été nous-mêmes bernés par notre naïveté et cette fougue congénitale
à tout appréhender par l’affect et à mettre souvent en veilleuse la raison.
Seuls aujourd’hui les intérêts vitaux de l’Algérie comptent. Nous recevons ce
prince comme nous en avons reçu déjà beaucoup d’autres. Il s’agit de notre
souveraineté. Une diplomatie sage et sereine nous est absolument nécessaire si
nous voulons devenir grands. Et il faut toujours privilégier les compromis. Et condamner
sans équivoque et avec force les compromissions.

Commentaires
Enregistrer un commentaire